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Javier Milei: crise diplomatique, censure et pauvreté

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Alors que le président argentin, Javier Milei, a de nouveau fait parler de lui sur la scène internationale en provoquant une crise diplomatique avec l’Espagne, en Argentine, la situation continue de se dégrader face à l’indifférence du locataire de la Casa Rosada.

Page de l’agence de presse Télam, depuis sa fermeture par Javier Milei. Le message indique: « La page que vous tentez de voir est en construction ».

Crise diplomatique entre Buenos Aires et Madrid

Le 19 mai dernier, Javier Milei était l’invité d’honneur d’un rassemblement à Madrid des leaders d’extrêmes droites, lancé par Santiago Abascal, le chef du groupe espagnol VOX. Dans son discours vantant les mérites du capitalisme, Javier Milei marque une pause. Levant les yeux de sa feuille, il s’en prend à la politique du Premier ministre espagnol Pedro Sanchez ainsi qu’à sa femme Begoña Sanchez. « Quand vous avez une femme corrompue, vous vous salissez et vous prenez cinq jours pour y réfléchir. » Le président argentin fait ici référence à l’ouverture d’une enquête par la justice espagnole pour « corruption » et « trafic d’influence » visant la femme de Pedro Sanchez, après que des accusations aient été portées par l’extrême droite espagnole.

Des propos qui ont immédiatement provoqué une crise diplomatique sans précédent entre Madrid et Buenos Aires. Le jour suivant, lors d’un sommet sur l’avenir économique de l’Espagne, Pedro Sanchez a ainsi évoqué la situation. « Nous avons demandé au président de l’Argentine une rectification publique et, en conséquence, la réponse du gouvernement espagnol sera conforme à la dignité que représente la démocratie espagnole et aux liens de fraternité qui unissent l’Espagne et l’Argentine, qui est maintenant présidée par un président qui n’est pas à la hauteur de la tâche ». Toutefois, Javier Milei refusant de présenter des excuses publiques, les relations entre les deux pays ne se sont pas améliorées. Ainsi, le 21 mai, Madrid a annoncé le retrait définitif de son ambassadrice d’Argentine.

Une décision aussitôt discréditée par Javier Milei. Interrogé sur la décision de Madrid, ce dernier a affirmé que cela n’était que le résultat de « l’absurdité d’un socialiste arrogant ». D’autre part, Javier Milei a continué à tenir des propos critiques à l’encontre du chef du gouvernement espagnol sur son compte X.

Insultes sur X et censure des médias traditionnels

Comme durant sa campagne, Javier Milei fait, depuis son arrivée au pouvoir, un usage considérable du réseau social X. Par l’intermédiaire de son compte il critique, discrédite et injurie l’opposition, des membres de la société civile ou encore les journalistes. Cet usage de X s’accompagne, dans l’Argentine de Javier Milei, d’une censure des médias dits traditionnels.

Ainsi, depuis mars 2024, la police empêche les employés de l’agence publique d’information Télam d’accéder à leurs bureaux. Accusée d’être un organe de propagande de l’opposition, la plus grande agence publique d’information d’Amérique latine et ses 755 employés se sont retrouvés du jour au lendemain sans emploi. Le 21 mai 2024, Javier Milei a de nouveau porté un coup à la liberté de la presse. De nouveaux médias publics ont désormais l’interdiction de diffuser de l’information: FM Clásica, FM Rock, FM Folklorica, Paka Paka et Canal Encuentro.

Les sites de ces médias sont depuis cette date inaccessibles et on peut lire le message suivant : «page en construction». De même, ces médias n’ont plus l’autorisation de diffuser de l’information sur leurs réseaux sociaux. Une atteinte à la liberté de la presse qui induit un recul de l’Argentine au sein du classement de Reporters sans frontières. En 2023, le pays occupait la 40e place sur 180, aujourd’hui il est à la 66e.

Tandis que certains argentins souffrent de la faim, Javier Milei chante

Quels sont les résultats du gouvernement de Javier Milei après 6 mois au pouvoir ? Un taux d’inflation annuel de 289 %. Déjà 65 % d’inflation pour les cinq premiers mois de l’année 2024. Une récession du produit intérieur brut (PIB) estimée à 3 % pour cette année. Pour finir, près de 57 % de la population du pays ne peut pas subvenir à ses besoins vitaux.

Face à ce constat, quelle est la réponse du président argentin ? Il chante ! Le 22 mai dernier, à l’occasion de la parution de son nouveau livre « Capitalisme, socialisme et piège néoclassique », Javier Milei a organisé un rassemblement de ses partisans. La soirée a débuté par un concert de rock, offert par le président. Puis, elle s’est suivie d’une présentation du livre et d’un échange dans lequel le président réitérait ses théories économiques. Un véritable show pour le lancement d’un livre pour lequel Javier Milei est déjà accusé de plagiat. De plus, cette soirée dénote intégralement avec la situation du pays. Dans le même temps, des manifestations étaient organisées en Argentine, notamment dans la province de Misiones. Des manifestants argentins  réclamaient une hausse des salaires pour vivre dignement.

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Camille Sansberro

Camille Sansberro est diplômée d'un Master 2 en Géopolitique et Prospective à l'IRIS Sup. Résidant en Argentine, elle est spécialiste de l'Amérique Latine.

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